Le comté de Stockholm s'est doté d'un service mobile d'urgence psychiatrique depuis 2016. Cette expérimentation, pérennisée depuis, est portée par le Professeur Calrborg du Norra Stockholms psykiatri. Elle améliore fortement la qualité des prises en charge des patients en situation de décompensation psychiatrique, en évitant des hospitalisations en urgence et en participant à la déstigmatisation des maladies mentales.
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Problématique :
Les soins préhospitaliers constituent une difficulté importante pour les acteurs des soins de santé mentale. En général, en Suède, les personnes en crise psychiatrique sont gérées par la police. Comme les services ambulanciers classiques, ils n'ont ni la formation ni les compétences pour gérer les patients en décompensation psychiatrique.
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Concept :
En avril 2015, le Professeur Carlborg a donc décidé de créer un service mobile d'urgence psychiatrique (PAM pour Psykiatrisk akut mobilitet, i.e., Psychiatric Emergency Response Team). Son but primaire est de répondre aux appels d’urgence concernant des personnes souffrant de troubles mentaux graves ou de troubles du comportement, en particulier chez les patients présentant un risque aigu de comportement suicidaire. Cette innovation permet également de soulager les services de police et réduire la stigmatisation des personnes malades psychiatriques dans la société suédoise. L’hôpital a bénéficié d’une subvention de l’Etat pour mettre en place cette ambulance psychiatrique à titre expérimental. Le projet a été pérennisé après 1 an et demi d’expérimentation.
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Organisation :
Les PAM desservent tout le comté de Stockholm. A l’origine, le service ne bénéficiait que d’un seul véhicule. Les appels sont dispatchés par le centre de régulation « classique ». Il s’agit du même système de communication que la police, les ambulances et les pompiers, qui peuvent les appeler directement. Il y a en moyenne 15 appels par jour concernant des risques suicidaires ou les situations de décompensation psychiatrique.
L’équipage est composé de 2 infirmiers spécialisés en santé mentale et d’un conducteur ambulancier. Au total, l’équipe comprend 7 IDE, pour un horaire d’ouverture de 14h à 2h du matin tous les jours (ce sont les horaires où il y a le plus d’appels). Après discussion sur la médicalisation du véhicule, le choix a été fait de ne pas faire appel à des médecins psychiatres car le coût du dispositif aurait été trop élevé et qu’il est probable que seuls des médecins en formation auraient assuré ces gardes sans l’expertise des infirmiers spécialisés.
Les PAM sont aménagés pour offrir des places assises pour l’équipe et le patient. Le véhicule est connecté au système de dossier patient par un système 4G via des ordinateurs, permettant à l’équipe de disposer des informations sur le patient, son suivi, son historique ou son traitement. Chaque citoyen a un numéro personnel d’identité qui permet l’accès au dossier complet unique pour la région de Stockholm.
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Chiffres clés :
Le coût annuel de ce dispositif s’élève à 800 000 euros.
Un article a été publié par l’équipe du Professeur Carlborg pour quantifier certains paramètres concernant les patients, le temps de réponse et la coopération avec d'autres départements. Les données ont été collectées à partir des dossiers médicaux, du service de police, du centre d'appels d'urgence et d'un journal de bord tenu par le personnel de PAM.
Données d’activités pour l’année 2018 sont constantes :
- 1455 patients traités pour 1800 sorties réalisées.
- 3 patients ont été admis plus de 10 fois aux urgences pendant l’année
- 1/3 des patients peuvent rester chez eux après une intervention du PAM (avant, le transfert aux urgences était systématique)
- aucun suicide n’a été constaté suite à la prise en charge.
- 20% des patients sont amenés aux urgences psychiatriques
- 10% aux urgences « addiction »
- 2% en psychiatrie pédiatrique / adolescent
- 53% des patients sont des femmes
- La moyenne d’âge est de 39 ans :
- Le plus jeune patient avait 7 ans, le plus vieux 99 ans
- Les PAM ont pris en charge 124 enfants de moins de 18 ans
- Les interventions ont lieu en 10 minutes en moyenne
Perspectives :
Le retour du PAM est très positif, tant du côté de la police que des associations de patients, qui apprécient de pouvoir obtenir une aide adaptée à l’extérieur de l’hôpital, de la même manière qu’une personne qui a une urgence somatique. Pour les patients violents, un accompagnement par la police est possible mais jamais mis en œuvre en pratique car les patients se calment quand ils sont pris en charge par des infirmiers qualifiés.
Pour aller plus loin :
- First-year follow-up of the Psychiatric Emergency Response Team (PAM) in Stockholm County, Sweden: A descriptive study, Bouveng, Bengtsson and Carlborg, International Journal of Mental Health, 2017/02/14
- https://www.researchgate.net/publication/313722182_First-year_follow-up_of_the_Psychiatric_Emergency_Response_Team_PAM_in_Stockholm_County_Sweden_A_descriptive_study
Cette innovation a été découverte par une délégation francophone à l'occasion d'un voyage d'étude organisé par Dialog Health à Stockholm, en Suède.
Pour participer à un futur voyage d'étude : www.dialog-health.com
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FORCIOLI PASCAL
•5 ans ago
une initiative très intéressante à benchmarker avec les équipes mobiles de psy en France
Karine Goudet
•4 ans ago
Très intéressant et cela pourrait diminuer les entrées aux urgences