Maryaline Catillon, Directeur d’Hôpital, est actuellement doctorante en Politique de Santé et Management à Harvard et membre du NBER-IFS International Network on the Value of Medical Research. Elle nous raconte son parcours hors du commun, qui l’a amenée des bancs de l’EHESP à Harvard, et nous explique comment les américains réussissent à connecter les universités, les entreprises et les politiques de santé.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours et ce qui vous a amenée à faire une thèse à Harvard ?
En tant que directeur d’hôpital, je me suis intéressée à la réforme des politiques de santé, et j’ai décidé de me tourner vers la recherche pour étudier les solutions permettant d’améliorer la qualité des soins tout en maîtrisant les dépenses. La recherche universitaire américaine est intimement liée au design, à l’implémentation et à l’évaluation des politiques publiques. L’Université d’Harvard offre la possibilité de travailler avec des professeurs investis dans des projets pour des gouvernements, des organisations internationales et des entreprises qui misent sur la recherche pour éclairer leurs décisions, résoudre leurs problèmes, nourrir leur stratégie ou imaginer leur futur. C’est particulièrement vrai pour le département Politiques de Santé et Management auquel je suis rattachée.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Mon travail se situe à l’intersection entre l’économie de la santé et l’économie de l’innovation, avec un intérêt particulier pour l’économie de la recherche médicale. Aux Etats-Unis, le National Institute of Health (NIH) investit plus de 30 milliards de dollars par an dans la recherche en santé. Si ce montant est élevé, il est néanmoins limité et tous les projets ne peuvent pas être financés. La recherche étant une entreprise incertaine, je me suis intéressée à l’optimisation de l’allocation des fonds publics qui y sont consacrés. Mon travail propose une nouvelle méthode pour mesurer le produit de la recherche médicale. Mon objectif est de construire de nouveaux outils pour anticiper les atouts et les faiblesses de différents projets ainsi que leur retour sur investissement.
Je m’intéresse également à l’optimisation des dépenses de soins. Certains programmes ont des effets hétérogènes sur la santé de la population et les dépenses publiques. Dans un projet en collaboration avec deux co-auteurs, nous proposons une nouvelle approche pour le ciblage des patients susceptibles de bénéficier le plus des programmes de management du diabète. Nous examinons les facteurs qui expliquent l’impact d’un programme de management du diabète sur la santé des patients et le coût des soins. Nos résultats peuvent permettre d’améliorer le rapport coût efficacité de ces programmes en ciblant les sous-groupes de patients susceptibles d’en bénéficier le plus. Notre étude suggère un meilleur ciblage des patients qui pourrait réduire les dépenses de santé américaines de 1,5 milliard de dollars par an.
En quoi le système de santé américain vous semble-t-il inspirant ?
L’un des aspects les plus inspirants du système américain est l’interconnexion entre la recherche universitaire, les entreprises, et les politiques publiques. La collaboration d’acteurs divers issus du milieu académique, du monde de l’entreprise et de l’administration publique peut permettre de rassembler les ressources, les compétences et les moyens requis pour identifier au mieux les données d’un problème, les collecter, les analyser, identifier les solutions possibles, les tester et les mettre en place.
De nombreux défis de la recherche en santé sont également des problèmes économiques, éthiques, politiques et/ou sociaux. Pour s’attaquer à ces problèmes complexes, l’Université d’Harvard permet à des scientifiques, des économistes, des médecins, des entrepreneurs, des fondations, des membres de l’administration et des groupes de patients, de réfléchir ensemble à des solutions pour accélérer l’innovation en santé.
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