Réformer l’organisation des soins primaires est un sujet d’actualité dans le contexte de l’augmentation des pathologies chroniques et du vieillissement de la population. Les différents gouvernements mettent en place des systèmes d’intéressement financier pour inciter les acteurs à se réorganiser. Analyser ce qui se fait ailleurs permet de s’inspirer de ce qui fonctionne et d’éviter les erreurs. Le programme d’intéressement à la performance mis en place en Australie depuis 1998 est instructif du fait de son ampleur (plus de 1,7 milliards d’euros dépensés entre 1998 et 2011) et de sa longévité.
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Les soins primaires en Australie
En 2013, il y avait 25 702 médecins généralistes en Australie. En règle générale, les médecins généralistes sont auto-employés, et exercent dans des cabinets médicaux comprenant en moyenne 4 praticiens. Les cabinets médicaux et les centres de soins communautaires gérés par l’Etat emploient généralement des équipes de soins pluri-disciplinaires. 11,370 infirmiers travaillaient dans des cabinets de soins primaires en 2014, contre 8,649 en 2011.
Les médecins généralistes sont rémunérés à l’activité. En 2012, ils gagnaient en moyenne 1778€ par semaine (taux de change au 24/04/2018). Les patients ont une liberté de choix de leur praticien et n’ont pas d’obligation de s’enregistrer auprès d’eux. Les médecins généralistes jouent un rôle de « gate keeper » dans l’accès aux soins spécialisés.
Les Programmes d’intéressement représentent 5.5% du total des rémunérations (ANAO, 2010). Ces incitations mises en place par le gouvernement fédéral australien encouragent :
- L’accréditation des médecins généralistes par une agence nationale
- Le développement des soins pluri-disciplinaires, en particulier via l’embauche d’infirmiers chargés du management des parcours de soins des malades chroniques, de la coordination des soins, des actions de prévention et d’éducation thérapeutique et du lien avec les patients notamment en terme d’observance des traitements dans des délais réguliers.
- La coordination des acteurs et des parcours de soins.
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Le programme d’intéressement pour les soins primaires (PIP)
L’Australie a mis en place des systèmes de paiement à la performance depuis le début des années 90, d’abord avec un programme visant à augmenter les taux de vaccination et ensuite (en 1998) avec un programme d’intéressement des cabinets médicaux (Practice inventive payments ou PIP). Ce programme vise à l’amélioration des pratiques dans les soins primaires.
Ces PIP récompensent des actions de soins primaires, en particulier la réalisation de gardes la nuit et le week-end, l’installation dans des zones rurales, l’implication dans l’enseignement des étudiants en médecine et l’usage de dossiers patients informatisés. Seuls les cabinets médicaux accrédités par le Royal Australian College of General Practitioners’ y sont éligibles. Les praticiens peuvent choisir parmi 13 catégories d’actions, pour bénéficier d’intéressement s’élevant en moyenne à 38 888 € (en 2008-2009). Ce programme est un des plus ambitieux au monde, avec l’équivalent d’1,7 milliards d’euros dépensés entre 1998 et 2011.
L’épisode 2 présentera les trois axes d’intéressement en détail ainsi que le bilan et les leçons à retenir de l’expérience australienne.
Article publié en partenariat avec la Chaire du Management des Etablissements de Santé de l’EHESP
Pour aller plus loin :
- The Australian Healthcare System – Commonwealth Fund
http://www.commonwealthfund.org/topics/international-health-policy/countries/australia
- Australian Department of Human Services
- Major Developments in Results-Based Financing (RBF) in OECD Countries: Country Summaries and Mapping of RBF Programs “Australia: The Practice Incentives Program (PIP)”, Cheryl Cashin, Consultant World Bank & Y-Ling Chi Consultant OECD, March 29, 2011 :
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